Le secteur est en plein essor depuis 2000 comme en témoignent ses chiffres de notoriété et de vente : 83 % de nos compatriotes déclarent aujourd’hui en avoir déjà entendu parler contre 9 % en 2000 tandis que les ventes culminaient à 166 millions d’euros en 2006 contre 12 millions cinq ans avant. Une très forte croissance qui s’explique, en partie, par l’intérêt croissant que lui porte la grande distribution.
Sensibilisés au phénomène en grandes surfaces, les Français se sont progressivement tournés vers les boutiques indépendantes qui ont fait florès, notamment à la faveur d’un élargissement de la gamme. L’artisanat, les cosmétiques, avec l’apparition d’acteurs comme Guayapi ou Forest People, et surtout le textile se sont énormément développés ces dernières années.
L’équitable deviendrait mode ? D’une certaine manière oui, à en croire Thibault Ringô, animateur du réseau Alter Mundi, dont le but affiché est de proposer des produits, contemporains et de qualité afin de correspondre davantage aux attentes du consommateur des années 2000. Le succès des Veja, ces « baskets » de ville, en atteste.
« Pour ne pas faire culpabiliser le client, il faut insister sur la notion de plaisir« , explique-t-il. Pour attirer une clientèle plus large, rien ne doit être négligé, de l’achalandage, à l’esthétique de la boutique, sans oublier le prix : « L’objectif est d’avoir des magasins très professionnels tenus par des vrais commerçants sachant vendre leurs produits et gérer leur business« , résume-t-il.
Mais pour prétendre à cette appellation, un certain nombre de principes fondamentaux doivent être respectés. À commencer par la provenance des produits, impérativement du Sud. Mais pas seulement : « C’est un commerce qui se fonde sur une relation équilibrée avec les fournisseurs, sur un accompagnement des associations de travailleurs et de producteurs« , rappelle Julie Stoll, de la Plate-forme du commerce équitable.
En amont de la chaîne de distribution, les producteurs sont au cœur du dispositif. Le principe est simple : on ne négocie pas les prix à la baisse et on verse, de surcroît, 50 % d’acomptes à la commande : « Le principe du commerce équitable est de préfinancer les commandes, mais si l’on passe par une centrale, c’est elle qui s’en charge« , avertit Julie Stoll. Le métier d’importateur est très difficile, car en sus de se créer un réseau, le commerçant doit avoir une sacrée trésorerie pour faire tourner sa boutique.