Professionnel de santé, l’opticien vend des équipements-lunettes et lentilles de contact- destinés à corriger les défauts ou les déficiences de la vue, en suivant les prescriptions des ophtalmologues. Il commercialise également des lunettes de soleil, des produits d’entretien et divers instruments d’optique. « C’est un marché fermé car il dépend de la prescription de l’ophtalmologue », estime Hugues Verdier-Davioud, président de la Fédération nationale des opticiens de France (FNOF). « L’opticien va devoir aller chercher des modes de rémunération annexes, comme facturer les examens de vue, se rendre dans les Ephad… », ajoute-t-il.
Pour devenir opticien, il faut être titulaire du BTS opticien-lunetier. La profession souhaite faire évoluer cette formation vers un LMD (Licence master doctorat). Elle dépendrait ainsi des facultés de médecine et non plus de l’Education nationale. Les organisations professionnelles du secteur devraient travailler sur ce sujet en 2023.
Après avoir connu une forte croissance ces dernières années, le parc de magasins a tendance à stagner. 13 144 magasins d’optique sont recensés en 2021, soit une hausse de +1,6 % par rapport à 2020, réalisant un chiffre d’affaires total de 7,5 milliards d’euros, en hausse de + 13 %.
70 % d’entre eux font partie de réseaux d’enseignes et 30 % sont des indépendants. « Plus que jamais, les indépendants ont un avenir », estime Hugues Verdier-Davioud. « Leur chance est d’avoir moins de charges liées à l’enseigne et de ne pas avoir de pression sur le volume des ventes », ajoute-t-il. C’est le cas de Didier Rosset, opticien indépendant en Savoie. « Je suis un indépendant pur et dur, sans enseigne, ni réseau », déclare-t-il. « Nous sommes plus dans la prestation et la qualité, une vente dure entre 1h30 et 2h ».
Redoutée par la profession, la montée en puissance des sites de ventes en ligne n’a pas vraiment eu lieu, ils représentent aujourd’hui seulement 3 % du marché. Les consommateurs privilégiant le contact en magasin avec la possibilité d’essayer directement les montures.
En moyenne, un magasin d’optique réalise un chiffre d’affaires d’environ 400 000 €, les plus gros peuvent atteindre plus d’1 million d’euros et pour les plus petits environ 100 000 €. « En 2021, la profession a retrouvé son niveau d’avant la crise sanitaire », souligne Arnaud Collin, directeur général du ROF (Rassemblement des opticiens de France).
La mise en place de la réforme 100 % Santé début 2020 est venue modifier les habitudes du secteur. Son objectif est de permettre à tous les Français d’avoir accès à des lunettes de qualité, sans reste à charge. Le principe : chaque opticien doit présenter un minimum de 34 montures pour adultes et 20 montures pour enfants. Cette offre est prise en charge à 100 % par la Sécurité Sociale et les complémentaires santé.
A l’heure actuelle, 17 % des clients choisissent le 100 % Santé, loin des objectifs du gouvernement, qui souhaite atteindre 25 % ! En 2023, les organisations professionnelles doivent renégocier avec les pouvoirs publics les modalités de ce 100 % Santé.
Quant au marché des transactions, il évolue. Pendant longtemps, il s’agissait essentiellement de transmissions familiales. « Si le maillage territorial est extrêmement dense, Il y a moins d’ouvertures frénétiques », commente Hugues Verdier-Davioud.
« Il y a très peu de fermetures de magasins, donc il y a de la place pour tout le monde », se félicite Didier Rosset. Le marché est exponentiel, il continue de grossir, il nous faut monter en compétence », ajoute-t-il. Avec les trois quarts de la population française affectées d’un trouble ou d’une maladie visuelle, le secteur de l’optique devrait continuer à grandir au fil des années…