C’est au cours de la dernière décennie que le bio s’est imposé comme une alternative crédible aux dérives productivistes d’une société de marché sans garde-fou. Si les produits bio inspirent spontanément des réflexions positives, la consommation ne représente pourtant que 2 % au total et la production 1,87 %.
Fort d’une croissance qui a doublé depuis 2000, le secteur dispose d’une marge de progression que d’aucuns jaugent parfaitement : « Le potentiel se situe autour de 15 %. Mais il sera déjà difficile d’arriver à 5 % d’ici 2010. Seule une approche globale peut favoriser son expression”, analyse Patrick Sivardière, consultant.
Parmi les commerçants qui ont tenté l’aventure, peu ont à se plaindre de leurs conditions. Un magasin bio de 150 m2 réalise un chiffre d’affaires compris entre 300 000 et 500 000 euros, tandis que celui d’une supérette de 300 m2 est évalué autour de 1 300 000. Tous reconnaissent toutefois la spécificité du métier et mettent en garde les opportunistes.
« Il faut bien connaître le métier. Les attentes du consommateur sont de plus en plus précises et leurs préoccupations multiples. Il se rend compte aujourd’hui que sa santé est liée à ce cadre de production, observe Christian Lafaille, président du Synadis, le seul syndicat professionnel qui regroupe les distributeurs spécialisés. Mais le commerçant doit être capable d’informer et de répondre à ses interrogations. »
C’est donc avant tout un métier de spécialistes où il faut croire dans ce que l’on fait : « On doit donc être capable de raconter quelque chose sur les 5 000 produits référencés dans nos magasins. C’est un secteur qui va continuer à se développer tant que l’on restera cohérent dans notre démarche« , avertit Yves Rémi, propriétaire de quatre magasins La Vie Saine, un groupement de 10 points de vente liés par une convention d’exploitation.
Une des principales évolutions de la profession concerne la variété des produits proposés au client. Bien que la grande distribution détienne 90 % des parts de marché dans l’alimentaire, les professionnels sont plutôt bien disposés à son égard : « Un grand nombre de consommateurs ont découvert le bio en achetant des produits basiques dans les grandes surfaces avant de se rendre dans nos magasins« , explique Christian Lafaille.
Si la dimension environnementale d’un produit bio est essentielle, le goût doit être également un argument de vente majeur : « Le consommateur est responsable et citoyen, mais veut aussi se régaler. C’est un élément à ne pas négliger dans notre message, car il ne faut pas oublier que nous sommes dans un pays où l’on mange avec son esprit et son cœur« , observe Patrick Sivardière.