La valeur objective de l’entreprise ne doit pas être confondue avec le prix. Elle sert de point de référence pour démarrer une négociation. Pour déterminer cette valeur objective, l’évaluateur va utiliser différentes méthodes qu’il est important de mettre en perspective, en expliquant les écarts qui peuvent apparaître. Une erreur, selon Alain Migot, consiste à utiliser plusieurs méthodes et à faire la moyenne. En effet, les résultats d’une méthode à l’autre peuvent être divergents parce qu’ils se basent sur des paramètres différents : le passé, le futur, un projet de stratégie non encore mis en œuvre… Dans ce cas, la moyenne ne signifie rien. Il faut en revanche plutôt se poser la question de la pertinence de telle ou telle méthode, pourquoi on en exclue une ; et surtout… ne pas retenir systématiquement la plus flatteuse !
Pour un évaluateur, la culture comptable ne suffira pas. Il s’appuiera davantage sur une combinaison de méthodes plutôt que sur des moyennes.
Le principal piège en matière d’évaluation serait de faire des calculs sans avoir réalisé au préalable un diagnostic précis de l’entreprise à évaluer, interne et externe. Quelle que soit la méthode retenue, il faut déjà bien comprendre le contexte de l’évaluation, les caractéristiques de la société et de son environnement.
Une fois cet état lieu posé, on sera en mesure de déterminer les meilleures méthodes à mettre en œuvre et les paramètres à ne pas négliger. Faire une évaluation, c’est déjà se poser les bonnes questions dans de nombreux domaines : ressources humaines, commercial, financier, technologique, industriel, environnemental, concurrentiel…
Valoriser une entreprise, c’est donc au préalable modéliser ses principales forces et faiblesses, définir les opportunités et les menaces du marché sur lequel elle évolue (matrice SWOT) pour comprendre son passé et prévoir son avenir.
Trois principales approches peuvent être utilisées :
Cette méthode, qui consiste à valoriser l’entreprise à partir d’un multiple d’un agrégat économique, paraît simple à mettre en œuvre mais cache quelques difficultés.
La première va être de déterminer l’agrégat (EBIT ou EBITDA) de la société cible pour l’évaluation car il doit être normatif, autrement dit il doit intégrer l’activité récurrente de l’entreprise et la rentabilité prévisible. On ne pourra pas se contenter d’utiliser le montant du dernier compte de résultat…
Ensuite, il va falloir trouver l’échantillon des sociétés avec des caractéristiques similaires qui va permettre de déterminer le multiple à appliquer.
Autre subtilité dans cette méthode : attention à prendre en compte l’endettement net, qui est l’endettement financier de l’entreprise dont on déduit sa trésorerie. La valeur de la société sera constituée de sa valeur d’entreprise (ses actifs) moins l’endettement net.
La notion de trésorerie dans le DCF revient à valoriser l’entreprise à partir de ses flux futurs actualisés. L’intérêt : cela oblige à construire un business plan, un prévisionnel. Comment l’entreprise se valorise aujourd’hui ? Avec le cash qu’elle va générer demain !
Cette méthode du discounting cash-flow est intéressante, mais subtile à mettre en œuvre. Il est essentiel de bien comprendre comment l’entreprise génère ses flux de trésorerie, par rapport à son environnement, son marché, son organisation interne… sans oublier la prise en compte de l’endettement net !
La méthode d’évaluation est certes importante. Mais beaucoup plus fondamentale est l’analyse préalable du modèle économique de l’entreprise. Un évaluateur expert va chercher à comprendre comment l’entreprise a fonctionné jusqu’à ce jour et comment elle va se construire demain : sur quels marchés, avec quels concurrents, quelle réglementation, quelle gouvernance, quel réseau, quelle équipe commerciale, quel(s) homme(s) clé, etc. ?
L’évaluateur qui n’aurait pas accompli ce travail, en réduisant la marge pour intégrer les risques identifiés, risque fort de survaloriser l’entreprise. D’autant plus que le cédant, le plus souvent, considère le passé, met en avant les atouts pour la vente, sans pour autant intégrer les points faibles et les menaces.
Il est important, pour toutes ces raisons, de faire appel à un évaluateur expérimenté.