L’agence pour la création d’entreprises (APCE), l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat (APCMA), Bpifrance, CCI Entreprendre en France, le Conseil supérieur du notariat (CSN) et le Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables (CSOEC) créent le Réseau « Transmettre & Reprendre », destiné à favoriser la transmission et la reprise d’entreprises en France. Yves Fouchet, président de CCI Entreprendre, nous explique les raisons de ce projet.
Par Sophie Mensior - le 09/03/15
Comment évoluent la reprise et la transmission en France ?
Il y a 15 ans, Jacques Chirac évoquait le grand boom de la transmission d’entreprise avec plus de 500 000 entreprises à reprendre. Or, quelques années plus tard, on est toujours au même point. Le nombre de commerces qui sont à vendre a plutôt diminué et le nombre d’entreprises structurées est estimée à 60 000.
Les cessions de fonds de commerce sont faciles à identifier car elles font l’objet de publications légales. Dans les autres cas, c’est plus compliqué à repérer.
Dans le même temps, il n’y a pas eu véritablement de baby-boom de la création d’entreprises. Entre 300 et 500 000 entreprises sont créées chaque année, dont 60 % sont des auto-entreprises. Il n’y pas eu d’explosion du nombre d’entreprises créées donc susceptibles d'être vendues. Sachant que toutes ne sont pas forcément à reprendre.
Trop d'entreprises sont mises trop tard sur le marché
Quels sont les freins à la reprise d’entreprises ?
Il y a trois types de difficultés. Tout d’abord culturelles. Contrairement aux pays anglo-saxons, le créateur français vit dans son entreprise jusqu’à sa retraite. Le côté « serial entrepreneur » n’est pas très développé chez nous. L’entrepreneur va jusqu’à sa retraite, mais du coup son entreprise n’est pas forcément vendable. C’est pourquoi nous devons expliquer qu’une transmission se prépare longtemps à l’avance.
Deuxième type de frein : la fiscalité. Nous avions fait passer, il y a 10 ans, une réforme intéressante, la loi Dutreil. Or depuis trois ans, il y a un va-et- vient dans ce domaine, ce n’est pas simple de s'y retrouver. Enfin, il y a des freins financiers. Acheter une entreprise coûte plus cher que d’en créer une. Or aujourd’hui si l’on n’a pas 30 % d’apport, on ne peut pas se lancer dans ce type d’opération.
A quoi va servir ce nouveau réseau ?
Les participants interviennent tous dans le domaine de la reprise et de transmission d’entreprises. Si nous mettons en commun nos différents moyens, nous serons plus efficaces.
Cette organisation a pour but de fluidifier un marché complètement satellisé. Je ne suis pas naïf, je ne crois pas "au grand soir" de la transmission d’entreprise.
Travailler en équipe va faciliter les choses. Les équipes de chaque institution ont déjà commencé dans ce sens, ce qui a débouché sur le guide « du cédant au repreneur ». Il faut ensuite aborder les problématiques de financement, d’évaluation…
Trop d’entreprises sont mises trop tard sur le marché, c’est cela le vrai sujet.
Depuis novembre dernier, le droit d’information des salariés en cas de cession a été mis en place. Peut-on déjà en voir les effets ? Que pensez-vous de cette mesure ?
Pour l’instant, on n’a pas encore suffisamment d’éléments statistiques sérieux et solides pour dresser un bilan. Un certain nombre de cédants ont pris du recul…
Je pense que c’est bien d’informer les salariés en cas de cession, car c’est sûrement l’une des voies les plus pérennes. Mais pas sous cette forme brutale et systématique. Cela ne se décrète pas.