Secrétaire général de la Confédération des buralistes, Pascal Montredon souhaite que les négociations qui viennent de s'ouvrir avec le gouvernement permettent de trouver une solution pour les professionnels du secteur, dont le CA est en baisse depuis l'instauration de la loi interdisant de fumer dans leurs établissements.
Par Jean Couderc - le 11/02/08
Des négociations viennent de s'ouvrir avec le gouvernement. Pourquoi ?
Nos craintes se sont confirmées, seulement un mois après la mise en place de l'interdiction de fumer dans les bars-tabacs. L'enquête que nous avons menée, auprès de 100 établissements répartis sur tout le territoire, révèle, en moyenne, une baisse de 20 % du CA au comptoir avec des pics le matin et à l'heure de l'apéritif. Dans le contexte actuel, c'est un véritable cataclysme.
Nous craignions que les banquiers soient plus réticents à l'idée de financer le rachat d'un bar-tabac.
N'est-ce pas un peu tôt pour verser dans le catastrophisme ?
Non, car cela fait deux ans que l'on explique à qui veut bien l'entendre que cette loi aura des répercussions économiques dramatiques. Des centaines de commerces, qui étaient à l'équilibre, voient leur avenir menacé. On s'est rendu compte, en quelques semaines, d'un changement profond des clients fumeurs. Nous sommes également inquiets de la réaction des banquiers qui pourraient fermer le robinet des découverts ou arrêter de financer le rachat de bars-tabacs.
Qu'attendez-vous du gouvernement ?
Nous voulons savoir si l'État, qui ne cesse de reconnaître l'utilité de nos établissements dans les zones rurales, a toujours besoin de nous et s'il a l'intention de maintenir ce tissu de 30 000 bars-tabacs en place. Plusieurs solutions sont envisageables, à commencer par des compensations financières.
Comme celles que vous aviez obtenues dans le contrat d'avenir ?
Effectivement, dans le même esprit, pour parer aux difficultés immédiates. Mais il faut bien comprendre que l'on n'a pas l'intention de vivre à coup de subventions. Je n'ai pas choisi ce métier pour m'appuyer sur l'État. On peut, en revanche, imaginer développer d'autres missions de service public comme le timbre fiscal électronique.
Vous vous inscrivez donc dans un processus de reconversion ?
Pas tout à fait, car ces activités dégagent très peu de marge. Notre principale revendication concerne les fumoirs qui nécessitent des investissements trop lourds. Nous souhaitons l'allègement des obligations techniques, notamment au niveau des extracteurs de fumée, la possibilité de les agrandir et surtout que les clients puissent y pénétrer avec leurs consommations. Pour les petites affaires isolées, nous plaidons, enfin, pour une plus grande mansuétude.
Votre combat n'est-il pas à contre-courant de l'esprit actuel, fondé sur le bien-être ?
On doit trouver des solutions sans remettre en cause la politique de santé publique. Nous estimons, ainsi que nos clients y compris les non-fumeurs, que la loi va trop loin. Le "tout interdit" peut être encore plus nocif que le "tout permis". Essayons de trouver un juste équilibre.
Les négociations devraient durer deux mois. Ne craignez-vous pas que votre requête soit vaine si rien n'a abouti avant les municipales ?
Il n'est pas question que l'on se laisse tondre sans rien dire. Si d'ici deux à trois semaines, on se rend compte que l'on est encore au stade des belles paroles, nous serons obligés de rappeler au président Sarkozy ce que le candidat Sarkozy avait dit, à savoir qu'il trouvait curieux que l'on ne puisse pas fumer dans les lieux où l'on vend du tabac...