Député-maire UMP de Vienne dans l'Isère, Jacques Remiller a déposé une proposition de loi, en compagnie d'une cinquantaine de députés UMP, visant à instituer un taux de TVA à 2 % sur les fruits et légumes, la viande, le poisson et les produits laitiers non sucrés.
Par Jean Couderc - le 27/02/08
Pourquoi avoir déposé cette proposition de loi visant à baisser la TVA sur les produits frais ?
Je pressens, depuis plusieurs années, une évolution des comportements alimentaires liée au pouvoir d'achat. De plus en plus de Français, notamment les jeunes, ont renoncé aux fruits, légumes et autres produits laitiers pour se tourner vers des produits industriels déjà préparés. C'est donc avant tout un problème de santé publique qui a motivé cette proposition.
La grande distribution doit justifier ses hausses de prix.
Cette revendication s'inscrit néanmoins dans un contexte général d'inflation des prix ?
C'est exact. Il est scandaleux que les fruits ordinaires soient aujourd'hui plus chers que des biscuits sucrés qui conduisent bon nombre d'enfants vers l'obésité. Il est grand temps d'agir pour remédier à ce problème et nous pensons que la baisse de la TVA pourrait y contribuer. C'était en tous les cas un signe fort adressé en direction du consommateur.
Le Premier ministre semble croire davantage en la concurrence du marché...
J'ai effectivement noté qu'il n'était pas favorable à cette mesure. Certains craignent que ce soit une opération blanche parce que la grande distribution ne le répercutera pas sur ses prix. Il est certain que la baisse de la TVA devrait être complétée par une exigence de transparence vis-à-vis de la GMS. Il n'est pas normal que les pommes récoltées à 20 kilomètres soient au même prix que les bananes cueillies à 10 000 !
Baisser la TVA revient, en outre, à diminuer les recettes de l'État...
C'est ce qui fait peur au gouvernement. Mais je ne suis pas sûr que Bercy se rende bien compte de la situation de nos compatriotes, que je côtoie tous les jours sur le marché. Je ne fais que remonter les informations de la base qui ne comprend pas ces augmentations de tarifs. Baisser la TVA est une mesure d'urgence. Il faudrait trouver des recettes, qui pourraient être, par exemple, une taxe additionnelle du Code général des impôts, pour compenser le manque à gagner.
La grande distribution nous doit des comptes, c'est bien ça ?
Effectivement. Je me fais le porte-parole des consommateurs : nous voulons savoir pourquoi les prix ont augmenté depuis le mois de novembre dans le détail. La GMS doit justifier ces hausses de prix. De la même manière que la loi Lang avait fixé le prix du livre pour éviter que de nombreux libraires plient boutique, on pourrait enfin envisager une loi pour faire jouer la concurrence sainement.