Ces dernières années, les centres-villes ont eu tendance à se désertifier, aussi bien en termes d’habitants que de commerces… Mais la situation évolue. Hervé Lemainque, président de la Journée nationale du commerce de proximité (JNCP) fait le point et livre quelques conseils pour s’implanter dans les cœurs de ville.
Après plusieurs décennies de développement de zones commerciales en périphérie, la tendance est-elle en train de s’inverser ?
A l’heure actuelle, il y a réellement un vent porteur en faveur du centre-ville. Qui est notamment favorisé par les lois Notre et Elan. Avec cette dernière, un préfet peut suspendre un projet commercial en périphérie lorsque le centre-ville est en difficulté. Elle permet aussi plus de liberté pour les implantations en périmètre ORT (Opération de revitalisation du territoire).
L’herbe redevient plus verte en centre-ville. Pour preuve : la grande distribution y revient avec des petits formats.
Actuellement, il y a un vent porteur en faveur du centre-ville
Quelles sont les clés de la réussite pour s’implanter en centre-ville ?
Il n’y a pas de recette toute faite. Avant de s’installer, il faut regarder sa zone de chalandise, quels sont les flux. Autre conseil : il ne faut pas rester seul, mais au contraire s’entourer de compétences et d’informations. Pour cela, il convient de rencontrer les services économiques de la ville, afin de connaître les projets locaux. Voir s’il existe un manager de centre-ville. Véritable technicien, celui-ci est capable de faire venir la bonne enseigne au bon endroit. Le commerçant ne peut plus travailler sans visibilité.
Il faut « sentir » son territoire et ne pas hésiter à réaliser une étude de marché, des sociétés spécialisées peuvent vous aider. Par ailleurs, le commerçant doit s’intéresser à la richesse culturelle de la commune.
Il faut bien étudier l’emplacement et l’identité de la localité en fonction des produits que l’on souhaite vendre.
Finalement, quelles sont les qualités requises pour devenir commerçant ?
Le comportement des consommateurs a changé et les commerçants ont mis du temps à comprendre que leurs clients sont nomades. De plus, ceux-ci veulent tout et tout de suite.
Etre commerçant, c’est avoir des qualités d’acheteur, de vendeur…Un grand nombre de paramètres rentrent en jeu. Il faut avoir une connaissance fine de sa clientèle, donc pour cela se doter d’un fichier client et le travailler. En outre, les commerçants doivent s’intéresser au numérique. S’ils ne disposent pas toujours du back-office pour vendre, il faut au moins qu’ils possèdent un site vitrine.
En fait, le succès ou l’échec vont dépendre du produit et du service apporté.
Que pensez-vous du plan Action Cœur de Ville ?
Je suis confiant, pour la première fois, les différents acteurs concernés par ces sujets (logement, accès aux services publics, mobilité, accessibilité, commerces…), doivent travailler ensemble. Pour qu’un commerce vive, il faut qu’il ait des clients. Il faut même que ceux-ci aient un certain pouvoir d’achat pour consommer dans les commerces de proximité.