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Reprendre un commerce : Seul ou en couple ? Ville ou campagne ?

Reprendre un commerce : Seul ou en couple ? Ville ou campagne ?

Vous souhaitez reprendre un commerce et vous vous interrogez sur les différentes options possibles. Est-il préférable d’être seul ou en couple ? Pour les commerçants et les artisans, être à deux pourra constituer un atout en raison des rythmes de travail et des compétences complémentaires de chacun. Mais il sera indispensable de fixer des règles.
Autre choix : s’installer en ville ou à la campagne. Si vous optez pour la reprise d’un commerce rural, il faudra bien prendre en compte trois composantes : le projet de vie, le projet professionnel, et celui du territoire.

Par Sophie MENSIOR - le 10/05/10
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Lorsque l’on est commerçant ou artisan, la question va se poser de savoir s’il est préférable de travailler seul ou en couple. Et si le fait d’être ensemble dans la vie personnelle et professionnelle (mariés, pacsés ou concubins) peut constituer un atout dans la gestion et la bonne marche de son affaire. « Oui, cela peut être le cas, en raison des rythmes de travail. Il faut que les deux personnes aient des compétences complémentaires, une vraie compatibilité au niveau des caractères », indique Ariel Andrieux, avocate spécialiste en droit des sociétés.
Travailler ensemble suppose qu’il y ait des liens de confiance entre les partenaires et que l’on ait mené en amont une vraie réflexion sur ce sujet. Le secret de la réussite passe aussi par l’accompagnement, ce qui sera le rôle des conseils.
En ce qui concerne la structure juridique, il faudra choisir entre le statut d’entreprise individuelle et la constitution d’une société. Dans ce deuxième cas, le conjoint pourra être associé. Quand tout va bien, cela sera un atout et un appui, mais si la situation tourne mal, cela sera plus difficile à gérer.
Longtemps ignorée, malgré un premier texte de 1982, la situation du conjoint, en l’occurrence la femme, a fait l’objet d’une avancée depuis la loi du 2 août 2005, suivie du décret du 1er août 2006, qui donne l’obligation de choisir un statut. Plusieurs options sont possibles : celle de conjoint collaborateur, qui offre une souplesse de fonctionnement, celle de conjoint salarié, qui donne une autonomie financière et celle de conjoint associé.

S’il faut peser le pour et le contre avant de reprendre un commerce en couple, il sera bon se s’interroger également sur le lieu idéal, où vous souhaitez vous installer. Plutôt en ville ou plutôt à la campagne ? Un choix qui dépendra bien sur de vos activités... « En ville, on connaît les flux, les emplacements n°1, n° 2. Les règles sont mieux établies », énonce Cyrille Pineau, expert-comptable associé au cabinet Strego. A la campagne, il sera plus difficile d’établir une étude de marché et d’être certain de sa fiabilité.
Reprendre un commerce à la campagne nécessite de s’adapter au style de vie. Par exemple, en ce qui concerne les horaires d’ouverture du magasin. « Nous conseillons aux porteurs de projet de bien se renseigner sur l’offre qui existe déjà », indique Ninon Bardet, chargée de mission au Collectif Ville Campagne, association nationale au service des entrepreneurs, qui désirent s’installer à la campagne et des territoires ruraux, qui souhaitent accueillir de nouvelles populations.
Autre conseil : le projet doit être partagé et porté par toute la cellule familiale. Si les membres sont en désaccord sur le fait de quitter la ville, cela risque de poser des problèmes. Pour résumer, il y a 3 points à prendre en compte : le projet de vie, qui implique d’autres personnes, le projet professionnel et le projet du territoire. L’articulation entre les trois doit s’effectuer de façon cohérente. « Il faut en avoir envie et surtout ne pas le faire à contrecœur », estime Cyrille Pineau.

Exemple de repreneurs

Un couple de restaurateurs… à la campagne

Elle avait travaillé dans la restauration, il était manutentionnaire. Un restaurant se vendait à côté de chez eux, dans l’agglomération de Limoges et leurs amis les ont poussé à s’installer ensemble. Ils se lancent alors dans l’aventure : Laurent Frugier suit une formation de cuisinier et Aude Bresson de chef d’entreprise à la CCI de Limoges.

« Nous voulions retrouver la cuisine traditionnelle et un contact relationnel qui fait défaut en ville », raconte Aude Bresson. L’affaire ne se conclut pas avec le premier restaurant mais finalement ils s’installent, il y a un an, dans un local entièrement refait à neuf par une communauté de communes. Laurent est en cuisine et s’occupe des courses tandis qu’Aude prend en charge la salle, le service, le ménage, la comptabilité et la gestion des stocks. « C’est la première fois que je travaille avec mon conjoint,- nous sommes en vie maritale-, et nous avons bien fixé les règles de fonctionnement », poursuit Aude Bresson.

En terme de statut, ils ont opté pour la cogérance de leur société, une SARL, c'est-à-dire qu’il faut l’avis de l’un et l’autre pour prendre les décisions. Aude Bresson ne regrette pas cette expérience et déplore même de ne pas l’avoir fait plus tôt. « Cela demande beaucoup de travail, surtout dans les premiers temps. Mais  nous y trouvons une grande satisfaction et nous partageons ce plaisir avec nos clients », assure-t-elle.

Dominique Chollet : rendre ce service à la commune

 Ancien agriculteur, Dominique Chollet souhaitait tenir un commerce rural. Finalement, il a l’occasion de reprendre la boulangerie multiservices (bar-tabac, presse, épicerie, dépôt de gaz…) de son village, à Saint-Pierre de Chevillé dans la Sarthe (72). Le bâtiment avait été refait à neuf par la mairie et cherchait acquéreur. La reprise s’est effectuée au 1er décembre 2008 et Dominique Chollet s’est attelé à remettre la boutique en ordre de marche. Petit à petit, la clientèle du village et des environs est revenue. Pour faire tourner son magasin, le repreneur ne chôme pas. Levé à 3h15 du matin, il commence son travail de boulanger à 4 h, puis part faire des livraisons de pain. A l’heure du déjeuner, il se consacre aux tâches administratives, aux rapports avec les fournisseurs. Puis l’après-midi, il tient le bar et l’épicerie. Et c’est l’extinction des feux à 21h30 ! « Ce ne sont pas les horaires qui sont le plus durs, car ils sont réguliers. La difficulté est de gérer la multiplicité des tâches », raconte-t-il. Si les journées sont chargées, Dominique Chollet est fier du travail accompli et du retour de la clientèle. Il se réjouit de pouvoir offrir ce service aux habitants de la commune et des environs. « C’est important de pouvoir maintenir le flambeau », estime-t-il.

Suivez le parcours d'un autre couple qui a repris un commerce ; Fabienne et Frédéric Barrault,  une brasserie à Puteaux.