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Pour bien reprendre un commerce : comprendre le bilan

Pour bien reprendre un commerce : comprendre le bilan

La majorité des affaires commerciales et artisanales se vend sur la base de la valeur du fonds. Le CA moyen annuel demeure le critère le plus significatif. Mais il ne donne pas suffisamment d’indications pour s’assurer de la rentabilité d’une affaire. Il s’agit donc de s’enquérir des trois derniers bilans et comptes de résultat. Encore faut-il savoir les lire ! L’interprétation du compte de résultat vous permettra de comprendre le fonctionnement du cédant, de mieux interpréter les éventuelles variations du chiffre d’affaires et surtout de vérifier qu’elles se répercutent bien sur les bénéfices dégagés.

Par Sophie MENSIOR - le 02/10/07
@smensior

Racheter un fonds suppose, dans la majorité des cas, un investissement financier substantiel de votre part. Il est donc primordial de bien apprécier sa valeur et surtout son potentiel à dégager de la rentabilité pour vous faire vivre et rembourser l’emprunt que vous aurez probablement contracté pour l’acquérir.

Pour mener à bien le processus de reprise, il convient de faire les choses dans l’ordre. Même si l’évaluation de l’emplacement revêt une importance croissante, le diagnostic économique demeure le point le plus important. Une précaution s’impose toutefois : ne vous précipitez pas au premier rendez-vous sur le cédant pour obtenir la totalité des documents comptables. Attachez-vous à lui prouver que vous êtes l’homme, ou la femme, de la situation.

Tous les experts recommandent de se munir des trois derniers bilans. Encore faut-il savoir précisément ce que l’on entend par là : “Il faut demander les bilans, les comptes de résultat, et les annexes qui font office de commentaires et d’explications, répond Joël Lopez, expert-comptable à Nanterre. Il est conseillé de les obtenir au moins sur les trois derniers exercices pour apprécier une tendance, une évolution.”

Analyser l’activité sur plusieurs années permet de “gommer” les éléments exceptionnels ou de les expliquer. Par ailleurs, il est plus difficile de dissimuler des éléments sur plusieurs bilans. D’autres documents financiers peuvent être réclamés, mais les bilans sur trois ans donnent déjà un aperçu très précis de l’affaire. Même si l’on conseille de s’adjoindre les services d’un expert pour entrer dans le détail, il est impératif que des termes comme EBE ou charges externes ne vous soient pas totalement étrangers.

“Un chef d’entreprise ne doit dépendre de personne. Il doit avoir son propre regard sur les choses, car il est le seul à apprécier l’ensemble de l’activité, estime Yannick Hoche, responsable de la reprise-transmission à l’APCE. S’il n’est pas nécessaire qu’il sache tout, il doit comprendre l’essentiel.” La comptabilité enregistre, tout au long de l’exercice, un grand nombre d’opérations qui seront consignées de manière fiable. Le traitement de ces données conduira à l’établissement de deux documents fondamentaux : le bilan et le compte de résultat.

Le bilan est souvent comparé à une photographie du patrimoine de l’entreprise à la clôture de l’exercice. Il renseigne sur le capital de base, si c’est une société, les bénéfices laissés par l’investissement, le bénéfice net de l’exploitation et les dettes. Pour le responsable de la reprise-transmission à l’APCE, l’intérêt majeur de l’examen du bilan réside dans les stocks et leur rotation : “Un gros stock pose toujours question : soit il répond à une stratégie d’activité, soit à une fréquentation insuffisante. Il est très important de déceler les incohérences entre ce que devrait être l’activité, ce que dit le commerçant et ce que traduit le bilan.”

Le compte de résultat mesure les flux de l’entreprise au cours d’une période donnée : c’est le “film” de l’activité : “C’est le document qui explique comment s’est formé le résultat d’une année sur l’autre, contrairement au bilan qui représente un cumul depuis l’origine”, expose Joël Lopez. Il liste toutes les recettes facturées par l’entreprise et toutes les dépenses faites sur l’année écoulée : “On commence par regarder si le CA est supérieur aux charges d’exploitation, note Sylvie Vercleyen, experte-comptable. Quand ce n’est pas le cas, il y a déjà un gros souci.”