Logo cession commerce
Commerce : se lancer en zone rurale

Commerce : se lancer en zone rurale

On assiste depuis une dizaine d’années à un repeuplement significatif de nos campagnes. C’est l’avènement des néo-ruraux, de plus en plus nombreux à aspirer à une vie plus simple, plus authentique. La reprise d’un commerce est plébiscitée par la majorité de ces candidats au changement de vie. Reste qu’il faut trouver les bonnes opportunités et bien analyser la région dans laquelle vous souhaitez vous installer. Devenir commerçant en milieu rural suppose d’avoir bien cerné le particularisme de ses habitants et leurs modes de vie.

Par Sophie MENSIOR - le 02/07/07
@smensior

Exercer le métier de commerçant ne varie pas fondamentalement en fonction des lieux. Il faut être compétent, rigoureux, bon gestionnaire, serviable, accueillant, souriant. Reste qu’en dehors de ces qualités indispensables à avoir pour prétendre réussir dans le commerce, il existe des différences significatives selon l’implantation géographique.

Les villes ont, par définition, une zone de chalandise importante et un trafic conséquent. La réalité est tout autre en milieu rural où la clientèle est essentiellement locale : “Ma zone de chalandise se limite au village qui compte 700 habitants, explique Martine, coiffeuse à Péret dans l’Hérault. Je n’ai pas intérêt à me fâcher avec certains !” D’autant qu’elle doit également faire face à la concurrence montpelliéraine.

Petit village isolé, Péret ne dispose, hormis le salon de coiffure, que de 3 autres commerces: un tabac, un dépôt de pain et une épicerie. Une offre loin d’être suffisante pour satisfaire les besoins des villageois, dont une partie, qui travaille dans la métropole héraultaise, peut être tentée de se faire couper les cheveux en effectuant les courses hebdomadaires d’approvisionnement : “Le client n’est plus captif avec l’ADSL et la modernisation des transports, note Jean-Yves Pineau, directeur du collectif Ville-Campagne. Cela a une incidence directe sur la consommation. Les commerces en milieu rural sont interdépendants : si la station-service ferme, tous les métiers de bouche seront touchés car ils risquent de perdre des clients.

L’isolement dans un petit village est-il pour autant systématiquement rédhibitoire ?  “J’ai peur que Le Point Multiservices soit plus un confort psychologique qu’un réel outil de consommation régulière. Il faut certainement davantage diversifier son activité pour s’en sortir dans les petits villages. Et pas seulement sur les produits, avance Jean-Yves Pineau. Il faut aussi diversifier les compétences : associer la boulangerie à l’horlogerie, le bistrot au taxi etc. On est sur de la polyvalence.”

L’activité commerciale semble donc se concentrer sur les centres-bourgs, seuls à même de proposer une offre crédible face aux grandes métropoles. Car c’est là une réalité souvent mal connue du milieu rural : ses habitants ne sont pas (tous) en rupture avec la société de consommation ! “Les Super U et hypermarchés de Clermont ont freiné l’évasion commerciale sur Montpellier, témoigne Stéphane Fulcrand, président de l’Association des commerçants de Clermont l’Hérault. Il faut aujourd’hui travailler autour de cet existant. Ce qui suppose, pour les commerçants traditionnels, d’adapter leur offre. Avant, ils jouaient sur la proximité. Désormais, c’est sur la qualité qu’il faut miser : il est impératif de ne pas vendre les mêmes produits qu’en moyenne distribution mais de mettre l’accent sur les marques”.

Reste qu’en milieu rural, comme ailleurs, l’absence de loisirs est  handicapante. Pour Clermont, comme pour beaucoup de villages situés à proximité d’une grande ville, l’enjeu est de taille : il faut éviter de devenir une cité dortoir. A cet effet, il apparaît essentiel, encore plus que dans une métropole, de soigner sa clientèle : “La campagne exige plus de disponibilité, prévient-il. Il ne faut pas regarder les heures et surtout soigner la qualité et les services. Ce qui suppose une solidarité entre tous les commerçants. Puisqu'en campagne le commerçant est plus cher, il doit offrir d’autres services, pas nécessairement marchands d’ailleurs. Il peut proposer des plats à emporter pour ceux qui rentrent tard du travail, réouvrir la grille à 19h30 lorsqu’un client arrive alors qu'il est en train de faire la caisse.

Une attention accrue à ne pas confondre avec de la superficialité : “Il faut rester le plus naturel possible en milieu rural car les "faux-culs", on les repère très vite, avertit Bénédicte, fleuriste à Clermont. On essaie juste d’être serviable. On a, par exemple, mis en place un tour de garde avec les 2 autres fleuristes de la commune pour offrir au chaland, le dimanche ou durant les vacances, un service continu. En contre partie, les clients sont fidèles et pas regardants sur la dépense.”